En route pour le Guatemala (part 1)

Plein les yeux, plein le coeur, plein la tête… Notre journée au Guatemala fut l’une des plus émouvantes pour moi. D’abord, j’ai été bouleversée par une rencontre inattendue et non planifiée par un groupe de civils en colère. Notre bus s’est arrêté au bord de la route et a été pris à parti par une trentaine de Guatémaltèques qui, au péril de leur vie, ont dénoncé devant nos caméras (avec leur autorisation) les abus de l’entreprise espagnole DEOCSA qui opère un monopole absolu sur la production et gestion de l’électricité dans tout le pays occasionnant des souffrances inacceptables pour le peuple. Le 24 octobre dernier, Víctor Gálvez Pérez, porte-parole du Front de Résistance contre les abus de l’entreprise DEOCSA (entreprise filiale de la multinationale espagnole Unión Fenosa) dans la ville de Malacatán (Guatemala), fut assassiné par un individu cagoulé. Mr Víctor Gálvez Pérez menait des activités de dénonciation des effets de l’activité de cette entreprise sur les habitants de la région. Derrière ma caméra, j’ai du mal à retenir mon émotion devant ce cri de détresse “en direct”. “Depuis 10 ans, nous subissons de coupures d’électricité en continu, détruisant nos réserves de nourriture ou tuant nos malades dans les hôpitaux. Des milliers de personnes n’ont pas d’électricité faute de maintenance ou parce qu’ils n’ont pas les moyens de payer des entreprises privées de réparation” s’insurge Ermilio, leur nouveau porte-parole. Ce dernier nous supplie d’intervenir d’une manière ou d’une autre pour les aider à retrouver le droit de vivre dignement et en sécurité. Nous accusons réception de leurs revendications à travers un document qu’ils nous ont remis à l’attention de la presse internationale.  Sans attendre et depuis notre autocar, nous avons envoyé un communiqué de presse aux agences (cf vidéo). Dans l’autocar, pour quelques heures, je suis songeuse et triste. Je ne peux pas comprendre qu’une poignée de cadres asservissent en toute (in)conscience des centaines de milliers d’individus les laissant dans la précarité la plus totale. Je suis bien d’avis que toute personne tenue sous la domination de quelqu’un ou de quelque chose doit s’affranchir par lui-même de ses chaînes et ne peut s’attendre à un appui extérieur. En même temps, il est du devoir de tout homme de prendre en compte le sort de son prochain et de prendre la mesure des conséquences de ses actes. Je suis  toujours et encore consternée par l’ignorance, la cupidité et l’égoïsme de quelques-uns. Je reconnais la nécessité de la souffrance en ce qu’elle nous permet de connaître nos limites, de surpasser nos épreuves et la transformer si possible en quelque chose de positif. Il faut parfois être repoussé jusque dans les derniers bastions de notre aveuglement pour se décider à ouvrir les yeux. Cela m’aide à supporter les barbares…

One Response to En route pour le Guatemala (part 1)

  1. Colette Hein Vinard 9 décembre 2009 at 19 h 19 min #

    Il faut parfois avoir le courage d’entreprendre des démarches de dénonciation des abus et du mépris que subissent des populations entières. Tant que ces exactions sur les plus démunis continueront, il sera difficile de vivre en Paix. Bravo de les avoir entendus!

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