Noël en Bolivie avec les Tiwanakus

Juste le temps de vous souhaiter un joyeux Noël dans cette belle énergie christique que j’ai du mal à contacter ici à Arequipa au Pérou après une cérémonie pour la paix hier en Bolivie. Ou du moins, prend-elle sans doute une autre forme avec laquelle je ne suis pas familière. Sapins en plastique, fausse neige, célébrations très estompées et pas moins “consumériste” que chez nous. Et avec 28 degrés à l’ombre, on est loin du carreau de fenêtre gelé à travers lequel j’aime tant contempler en décembre le paysage enneigé de ma bien-aimée montagne. Mon village de Pinsec me manque, mes voisins, ma famille et mes amis aussi. J’ai hâte de retrouver la tendresse d’un flocon de neige et le fumet simple d’un bon chocolat chaud.

Auprès des Anciens de la communauté des Tiwanakus (Bolivie), Noël cependant a une toute autre portée et c’est avec eux que je me sens le plus en phase. Le jour de Noël, les enfants ne reçoivent pas de cadeaux mais offrent à leur manière des présents à la Terre et au Ciel. Ils façonnent de petites figurines en terre qui représentent en général des animaux, des plantes ou des personnes que l’on souhaite confier aux bons soins de la Terre-Mère et du Père-Ciel. Les Indiens Tiwanaku remercient alors les éléments pour l’abondance de leurs cultures et la protection de leur bétail et de leur famille en leur offrant ces figurines. Quand l’une d’elle se brise, c’est un mauvais présage. Le vieil “Andien” qui a partagé avec nous notre repas du 24 décembre, Lucas Choque Apaza, est le chef de sa communauté. Il est guérisseur et détient le savoir des plantes et celui de la lecture des étoiles. “Depuis petit, on nous enseigne la science des plantes médicinales, l’astronomie et la prévision du temps à travers l’observation de la nature” me raconte-t-il. Lorsque nous abordons le sujet “2012”, il me confirme que la Terre et notre civilisation vont passer par des temps difficiles. Les zones du monde qui sont en proie à la violence ou aux déséquilibres de toutes sortes seront sérieusement “secouées” au cours d’un processus de purification et de réajustement de nos modes de vie. “Je ne peux pas vous en dire plus sinon qu’il faut travailler inlassablement sur l’amour, le respect de la nature et de la vie sous toutes ses formes.”

Le moment fort de cette journée de Noël, c’est une cérémonie pour la paix et la non-violence officiée en Bolivie par les descendants d’une civilisation plus ancienne encore que celle des Mayas, les Tiwanakus. La civilisation de Tiwanaku (en aymara, ou Tiahuanaco, nom de la ville moderne en espagnol), est une civilisation pré-inca qui a dominé la moitié sud des Andes centrales entre le Ve siècle et le XIe siècle. Elle a pris naissance sur la rive sud du Lac Titicaca, aux environs du site archéologique de la Cité du Soleil de Tiahuanaco. Son extension maximale est mal connue, mais les recherches archéologiques témoignent d’une expansion sur de vastes territoires en direction du sud et du sud-est du lac Titicaca. Ces régions correspondent à l’actuel nord du Chili et à l’ouest de la Bolivie. L’un des principaux sites archéologiques actuels de la civilisation de Tiwanaku est la Cité du Soleil, lieu de célébration du dieu créateur Kon Tici Viracocha, elle comporte de nombreux édifices à vocation cérémonielle dont le principal est le temple de Kalasasaya, une vaste enceinte close. C’est ce lieu que nous avons eu la chance de visiter le 24 décembre pour nous recueillir sous la guidance des Anciens. Il ne reste plus grand chose en terme de ruines ou d’architecture sinon quelques monolithes, comme ceux de Benett et de Ponce, que certains archéologues rapprochent des Moais de l’île de Pâques. Si le caractère spectaculaire du site n’est pas au rendez-vous, une très belle communion entre nous, hommes et femmes de toutes cultures et traditions, l’est, elle. Le vieux chef Tiwanaku et une cinquantaine de membres de sa communauté officient un rituel pour protéger la terre et activier les énergies positives. Ils nous prient de ne pas prendre de photos ni de filmer, ceci affaiblissant le pouvoir et l’impact du rituel. “En nous photographiant, l’énergie est détournée de son objectif (vers l’objectif du photographe!) et cela la disperse comme cela nous déconcentre” explique Lucas Choque Apaza.

En fin de rituel, je suis autorisée à tourner quelques images avec lesquelles j’ai fait une vidéo publiée dès que possible sur cette page.
A l’heure des adieux, j’ai envie de serrer cet homme dans mes bras, peut-être un peu pour puiser un peu de sa sérénité et de sa sagesse. En l’embrassant, une émotion m’envahit comme si sur le plan de nos énergies, une rencontre venait de se faire. Il me fait comprendre que si je le souhaite, il est prêt à m’enseigner le savoir des plantes et quelques mystères sur les lois du vivant. Je devrai pour cela apprendre l’espagnol et vivre au minimum trois mois dans les mêmes conditions que lui et sa communauté. J’ai lu des romans d’aventure passionnant sur des êtres qui avaient tout quitté pour être initiés par les populations indigènes comme dans “Le message des hommes vrais au monde mutant” par Marlo Morgan. Marlo Morgan est une américaine moyenne, la cinquantaine, blonde décolorée, pratiquant l’acuponcture dans son pays. Un jour, elle reçoit un coup de fil d’un confrère d’Australie lui proposant de travailler avec lui en enseignant auprès des Aborigènes dans le cadre de leur système social de santé. Ayant toujours rêvée de visiter l’Australie, elle accepte. Mais cela voulait dire de tout quitter; sa maison, sa voiture, son job, sa famille et de vivre avec les Aborigènes, pieds nus, pendant plusieurs années.

Personnellement, je n’ai pas encore l’aplomb de vivre une telle expérience. Et puis je pense que cela n’est pas ma voie non plus. L’Ecole de la vie n’est pas forcément dans la brousse auprès des guérisseurs ni dans la jungle avec les chamanes. J’ai un infini respect pour leur savoir et leurs traditions et en même temps, la connaissance selon moi est disponible absolument partout, de New York à Tiwanaku. Encore faut-il vouloir y accéder….

Après cette cérémonie, nous avons repassé la frontière pour le Pérou. Halte salutaire de 2 jours à Arequipa dans un hôtel d’où nous pouvons enfin tenir nos blogs à jour.

Nous partons ce matin pour le Chili. Encore quatre marches et nous voilà au bout de notre voyage.

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