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Une Marche traverse Madrid

Des événements très divers ont jalonné la première journée de l’Équipe de Base à Madrid : conférence de presse, hommage au monument des victimes du 11 mars et manifestation haute en couleurs dans les principales avenues de la capitale. Des milliers de personnes et des groupes de toutes sortes ont marché ensemble pour la Paix et la Non-violence. [...]

Gagnés par la fatigue et les tensions, le Maroc nous aide à retrouver la paix et la joie

4109848105_f6bc15db0c_mQue dire de notre visite au Maroc sinon que l’accueil des Marocains et des organisateurs étaient d’une chaleur extraordinaire… Seul bémol, l’agenda surhumain qui nous a été imposé: 2500 Km de bus en 3 jours, entre 3 et 5 représentations officielles par jour comprenant moult allocutions interminables, conférences de presse, marches et festivités riches mais éprouvantes… Nous étions réveillés à 6 heures du matin pour ne nous recoucher qu’à l’aube le lendemain après des heures de car. Sans compter une réunion d’urgence  à 1h du matin, dans un troquet local au bord de la route! Personnellement, je n’ai eu le temps ni de monter une vidéo ni d’écrire la moindre ligne sur mon blog ou pour notre agence de presse Pressenza. Je salue les efforts tout aussi surhumain des coordinateur marocains  qui ont fait un travail inimaginable en coulisses pour nous éviter les barrages de polices, les dérapages politiques (il suffit d’un rien pour nous retrouver instrumentalisés par divers courants politiques). Notre venue au Maroc présentait des risques, notamment sur la question du statut du Sahara Occidental, mais n’ayant pris aucune position sinon celle en faveur de la paix et la non-violence, nous avons traversé en toute sécurité un terrain miné… [...]

Fuertaventura: une marche, une plage, des touristes et beaucoup de questions…

fuerteventuraAprès les boulevards de New Delhi, Paris et Tokyo, quelle curieuse impression que de se retrouver parachutés au bord d’une plage bondée de touristes allemands! Après un moment de partage avec des enfants d’une école primaire qui nous ont posé diverses questions sur notre expérience, nous avons rejoint la marche du jour, accompagnés de la fanfare locale. Il y avait quelque chose de surréaliste dans cette juxtaposition de  deux communautés si différentes: du côtés des marcheurs, une majorité de jeunes, d’enfants et de résidents espagnols en mouvement et dans une dynamique de changement; du côté de la plage, une horde de retraités allemands plongés dans une douce torpeur immobile, un repos surement mérité après des années de labeur. Ici, la vieillesse qui regarde avec amabilité; là, la jeunesse qui lui sourit avec espièglerie. Je me suis demandé si je serais un jour l’un de ces vacanciers, à faire de ma chaise longue et de mon parasol la destination absolue de mes rêves et de ma vie… Et s’ils avaient raison de ne partir à la conquête que d’une rayon de soleil, un peu de chaleur et le frémissement des vagues sur leur peau patinée… [...]

Washington DC: sur les pas des grandes hommes d’hier et d’aujourd’hui…

1 er décembre

Notre passage à Washington fut une étape particulièrement symbolique pour moi. Je suis née à Washington voilà 43 ans quand mon père était jeune diplomate suisse dans la capitale. Sur les marches du célèbre monument Lincoln où tant de grands hommes en ont fait rêvé d’autres avec leur discours, j’ai pu prendre la parole pour lui rendre hommage, à  lui qui à sa manière a contribué à promouvoir le dialogue entre la Suisse et les autres pays. Être ici, sur les pas de mon père comme sur ceux de Martin Luther King, donne du sens à ma vie. Père biologique, père spirituel. Je suis fière de revenir sur le lieu de ma naissance pour témoigner de mon engagement en faveur de la paix et la non-violence au-delà des frontières, des identités nationales et religieuses. Sur cette esplanade où Martin Luther King a tenu son fameux discours “I have a dream” devant plusieurs dizaines de milliers de personnes électrisées par son charisme, nous autres de la Marche, nous nous adressons à un public fantôme. Personne n’est venu à notre évènement aujourd’hui sinon la pluie et une vue imprenable sur le fleuve Potomac. Et bien c’est cela que je retiendrai de cet instant: l’enthousiasme et l’énergie des orateurs s’adressant à rien sinon au frémissement de la pluie auquel se sont ajoutés quelques cris et rires de jeunes touristes chinois bien plus fascinés par les chevaux de la police montée du monument Lincoln que par nos beaux discours. [...]

Au Mexique, nous entrons dans une zone de turbulences

Toute l'équipe de base au grand complet au coeur de Mexico

Toute l’équipe de base au grand complet au coeur de Mexico

Ici, nous entrons dans une zone de turbulences… La violence au Mexique (et en Amérique centrale) est proportionnelle à l’accueil solennel et massif que nous ont offert les autorités de la ville-frontière de Tapachula, hier après-midi. Notre visite a été prise très au sérieux par la Mairie de cette ville d’un demi-million d’habitants qui a organisé pour l’occasion une conférence de presse largement suivie, une table ronde avec de nombreux représentants municipaux et nationaux dans une salle bondée et décorée avec les drapeaux de nos pays respectifs, un concert de xylophones à 8 musiciens (!) et une assiette de dégustation de plats traditionnels locaux. Les témoignages au cours de la table ronde sont forts et souvent partagés avec colère devant l’ampleur du phénomène de la violence au Mexique et dans la région devant lequel tout le monde se sent impuissant quand il n’est pas complaisant. [...]

En route pour le Guatemala (part 1)

Plein les yeux, plein le coeur, plein la tête… Notre journée au Guatemala fut l’une des plus émouvantes pour moi. D’abord, j’ai été bouleversée par une rencontre inattendue et non planifiée par un groupe de civils en colère. Notre bus s’est arrêté au bord de la route et a été pris à parti par une trentaine de Guatémaltèques qui, au péril de leur vie, ont dénoncé devant nos caméras (avec leur autorisation) les abus de l’entreprise espagnole DEOCSA qui opère un monopole absolu sur la production et gestion de l’électricité dans tout le pays occasionnant des souffrances inacceptables pour le peuple. Le 24 octobre dernier, Víctor Gálvez Pérez, porte-parole du Front de Résistance contre les abus de l’entreprise DEOCSA (entreprise filiale de la multinationale espagnole Unión Fenosa) dans la ville de Malacatán (Guatemala), fut assassiné par un individu cagoulé. Mr Víctor Gálvez Pérez menait des activités de dénonciation des effets de l’activité de cette entreprise sur les habitants de la région. Derrière ma caméra, j’ai du mal à retenir mon émotion devant ce cri de détresse “en direct”. “Depuis 10 ans, nous subissons de coupures d’électricité en continu, détruisant nos réserves de nourriture ou tuant nos malades dans les hôpitaux. Des milliers de personnes n’ont pas d’électricité faute de maintenance ou parce qu’ils n’ont pas les moyens de payer des entreprises privées de réparation” s’insurge Ermilio, leur nouveau porte-parole. Ce dernier nous supplie d’intervenir d’une manière ou d’une autre pour les aider à retrouver le droit de vivre dignement et en sécurité. Nous accusons réception de leurs revendications à travers un document qu’ils nous ont remis à l’attention de la presse internationale.  Sans attendre et depuis notre autocar, nous avons envoyé un communiqué de presse aux agences (cf vidéo). Dans l’autocar, pour quelques heures, je suis songeuse et triste. Je ne peux pas comprendre qu’une poignée de cadres asservissent en toute (in)conscience des centaines de milliers d’individus les laissant dans la précarité la plus totale. Je suis bien d’avis que toute personne tenue sous la domination de quelqu’un ou de quelque chose doit s’affranchir par lui-même de ses chaînes et ne peut s’attendre à un appui extérieur. En même temps, il est du devoir de tout homme de prendre en compte le sort de son prochain et de prendre la mesure des conséquences de ses actes. Je suis  toujours et encore consternée par l’ignorance, la cupidité et l’égoïsme de quelques-uns. Je reconnais la nécessité de la souffrance en ce qu’elle nous permet de connaître nos limites, de surpasser nos épreuves et la transformer si possible en quelque chose de positif. Il faut parfois être repoussé jusque dans les derniers bastions de notre aveuglement pour se décider à ouvrir les yeux. Cela m’aide à supporter les barbares… [...]

Je ne serai jamais photographe de star…

Isabelle Bourgeois et Juanes

Isabelle Bourgeois et Juanes

Je résume brièvement la rencontre avec le célébrissime chanteur sud-américain Juanes qui a soutenu la Marche Mondiale en traversant la frontière entre la Colombie et l’Equateur à nos côtés, brandissant fièrement l’étendard de la Marche. C’était juste complètement fou d’être happés dans un bain de foule hystérique et compacte. Je n’avais plus aucun contrôle de mes mouvements, prise en sandwich entre les fans, l’armée, la police, les gardes du corps et mes pauvres camarades de marche, molestés comme moi! Difficile de tourner des images dans ces conditions mais mission accomplie! Si la Marche a souhaité symboliquement apporter son énergie et offrir sa présence en ce lieu c’est parce que le département de Nariño est considéré comme l’un des plus dangereux, entièrement contrôlé par les FARCs et les narco-trafiquants. Cette zone frontière est assez chaude et nous souhaitions ouvrir une brèche d’espoir, comme ailleurs. La Marche affectionne particulièrement les frontières et les murs et nous en avons fait notre priorité. [...]