Le sort du monde peut changer en quelques secondes comme notre Marche en Mauritanie

Cette Marche Mondiale me surprendra toujours… Imaginez-vous qu’ici, à Nouakchott, au départ de notre marche, nous étions une poignée d’illustres inconnus pour finir ce soir devant 60 millions de téléspectateurs! Ou comment l’esprit de notre marche s’est propagée en quelques secondes…

Je le disais, nous sommes partis clairsemés. Or, en chemin, nous avons été rejoint par le Maire de la communauté urbaine qui s’est étonné de ne voir aucun médias présents. Les organisateurs lui ont expliqué qu’ils étaient mobilisés sur d’autres évènements importants ce même jour à Nouakchott. En ni une ni deux, Monsieur le Maire (de surcroit Président de tous les Maires de Mauritanie) a empoigné son téléphone pour passer quelques coups de fil habilement ciblés. Et le miracle eu lieu. A 15 minutes de notre arrivée, la plus grande chaine de télévision de la région, Al Jazeera (l’une des plus importantes dans le monde arabe) était à nos côtés avec les télévisions régionales et nationales. Pour couronner le tout, nous avons été rejoint par la Conseillère du Président de la République islamique de Mauritanie de même que par son Conseiller juridique. A vous donner le tournis! Ce soir, en la personne de Martine Sicard, présidente de “Un Monde sans Guerres-France”, notre action a été diffusée au télé-journal, devant 60 millions de personnes. Comme quoi, une seule personne peut changer le cours des choses. Il suffit d’un rien pour créer un tsunami. Et c’est bien ce qui est en train d’arriver avec cette Marche. De plus en plus, elle nous échappe et son succès grandissant devient incontrôlable. Par exemple, le Directeur des Nations-Unies à Genève avait annulé à la dernière minute, sous pression sans doute (les Chinois ont menacé de saboter la Marche en raison du soutien du Dalaï-Lama et les Israéliens n’apprécient guère notre demande de retrait de tous les territoires occupés). Dès lors, nous n’avions pas pu être reçus aux Nations-Unies. Cependant, “une main invisible” a permis notre rencontre prochaine à New-York avec le Secrétaire Générale des Nations-Unies en personne, Monsieur Ban Ki-moon. L’on cherche a chasser par la petite porte le feu de l’amour, il revient par la grande…

Autre moment fort de notre visite en Mauritanie: les femmes.
Hier soir, lors d’un colloque sur la non-violence, plusieurs représentants d’ONGs sont venus partager leurs expériences avec nous. De merveilleuses femmes, militantes courageuses pour la dignité des femmes, ont témoigné. Et j’ai retenu mes larmes en écoutant certaines d’entre elles. “72% des femmes ici sont excisées depuis leur naissance ou en bas âge; 52% sont analphabètes et maintenues dans l’ignorance. Elles ne touchent aucune pension, doivent avoir un tuteur pour se marier ou peuvent devenir esclave, comme certains enfants. Synia Mohammed Saleek est directrice du centre d’écoute des femmes victimes de violence: “Dernièrement, nous avons accueilli une fillette de 10 ans qui avait été vendue, à l’âge de 5 ans, par sa mère, aux Saoudiens qui en ont fait leur jouet sexuel pendant 5 ans. Sa mère a fait construire une maison avec les revenus de son enfant. Finalement, la petite a été expulsée d’Arabie Saoudite et nous l’aidons désormais à se réinsérer. Mais nous avons du mal car il lui arrive souvent de fuguer…” raconte-t-elle. Ces femmes engagées risquent parfois leur vie ou sont menacées. Pour avoir réussi à envoyer plusieurs hommes en prison, l’une d’elle a été violée par vengeance. Elles sont bénévoles, comme l’avocat avec lequel elles travaillent au nom de la justice et de la dignité humaine. Elles sont belles, jeunes et ont un tempérament vif et déterminé. Je n’oublierai jamais ces femmes qui, par leur engagement libéré de toute peur, honore chacune d’entre nous.