Author Archive | Isabelle Alexandrine Bourgeois

Cérémonie de recueillement pour la paix sur l’île de Gorée

De retour sur mon blog après 4 jours de panne technique! Mille excuses pour ce silence indépendant de ma volonté. Je crois que mon ordinateur a fait un mini “burn out”. Il a du surchauffé comme moi et nous avons du le mettre sous perfusion à New York aux bons soins de génies américains d’Apple!

En résumé depuis le Sénégal:

Nous avons visité l’île de Gorée et son histoire. J’ai été bouleversée par le récit de ce lieu chargé de la mémoire de la traite des esclaves en Afrique. Nous avons visité la très émouvante “Maison des Esclaves”, dernière des esclaveries de Gorée construite par les Hollandais en 1676, entièrement restaurée en 1990 par l’association Gorée – Fraternité avec l’aide de l’UNESCO.
Pendant trois siècles des millions de noirs de toute l’Afrique de l’Ouest ont quittés Gorée pour l’Amérique et les Antilles. Ils furent chassés, torturés et arrachés de leur sol natal pour être vendus et troqués contre des marchandises, avec la complicité de certains dirigeants africains eux-mêmes.
La traite négrière a débutée en Afrique en 1441, quand les Portugais commencèrent à vendre en Europe des Africains comme esclaves. Puis pendant quatre siècles le commerce triangulaire a déporté 15 à 20 millions d’Africains vers les Amériques : Les bateaux partaient du Portugal, France, Hollande et Angleterre chargés de “pacotille”, tissus, barres de fer, armes, munitions, alcool, verroterie …
En Afrique la “pacotille” était échangée contre des esclaves, revendus ensuite en Amérique et aux Antilles pour travailler dans les plantations de canne à sucre, coton et café. Les bateaux négriers rapportaient ces produits en Europe au terme de leur fructueux voyage …
Le mouvement abolitionniste s’imposa au 19ème siècle. La traite négrière prit fin en 1833 dans les colonies Anglaises. Napoléon interdit la traite le 29 mars 1815, mais les Français continuèrent clandestinement jusqu’en 1848 quand l’esclavage fut réellement aboli par la France. A Gorée, dans la Maison des Esclaves, des centaines d’hommes, femmes et enfants étaient entravés et entassés dans de minuscules et sombres cachots. Avant d’être embarqués sur un bateau en franchissant la porte du “voyage sans retour”, au bout du couloir sous les escaliers en fer à cheval qui donne directement sur la mer … Nous avons une discussion très vive avec notre guide qui attend beaucoup des pays occidentaux un repenti ou une indemnisation. L’une de nos amies organisatrice lui a dit avec justesse qu’il n’y avait rien à attendre de l’extérieur, que seul les Africains eux-mêmes devaient reprendre leur pouvoir et faire pression sur le gouvernement pour ne plus laisser piller leurs ressources naturelles. Un visiteur africain, enseignant d’histoire, a lui-même rejeté toute forme d’indemnisation:”Comment monnayer la mémoire de nos ancêtres? Leur vie et leurs souffrances n’ont pas de prix. Notre devoir consiste à faire en sorte que cela ne se reproduise plus, nulle part sur la planète”. [...]

Sous une pluie diluvienne, Brooklyn Bridge avec plus de 2000 New-Yorkais

C’était l’une des Marches que j’ai préféré. Malgré la pluie et le froid, les Américains sont venus en masse  à notre rendez-vous de la paix. Et quelle force, quelle détermination, quelle énergie dans leurs pas! Souvent, au cours de cette grande Marche, il nous est  arrivé de donner de l’énergie à ceux qui marchaient avec nous. Cette fois, j’ai clairement reçu en retour une magnifique leçon d’engagement et de détermination. Ce sont eux qui m’ont donné “la patate”! Les Américains ont une longue expérience de l’activisme pacifique auquel s’ajoute beaucoup de gentillesse. C’est un bain de bienveillance, d’humour et de ténacité dans l’épreuve qu’ils nous ont offert. [...]

Washington DC: sur les pas des grandes hommes d’hier et d’aujourd’hui…

1 er décembre

Notre passage à Washington fut une étape particulièrement symbolique pour moi. Je suis née à Washington voilà 43 ans quand mon père était jeune diplomate suisse dans la capitale. Sur les marches du célèbre monument Lincoln où tant de grands hommes en ont fait rêvé d’autres avec leur discours, j’ai pu prendre la parole pour lui rendre hommage, à  lui qui à sa manière a contribué à promouvoir le dialogue entre la Suisse et les autres pays. Être ici, sur les pas de mon père comme sur ceux de Martin Luther King, donne du sens à ma vie. Père biologique, père spirituel. Je suis fière de revenir sur le lieu de ma naissance pour témoigner de mon engagement en faveur de la paix et la non-violence au-delà des frontières, des identités nationales et religieuses. Sur cette esplanade où Martin Luther King a tenu son fameux discours “I have a dream” devant plusieurs dizaines de milliers de personnes électrisées par son charisme, nous autres de la Marche, nous nous adressons à un public fantôme. Personne n’est venu à notre évènement aujourd’hui sinon la pluie et une vue imprenable sur le fleuve Potomac. Et bien c’est cela que je retiendrai de cet instant: l’enthousiasme et l’énergie des orateurs s’adressant à rien sinon au frémissement de la pluie auquel se sont ajoutés quelques cris et rires de jeunes touristes chinois bien plus fascinés par les chevaux de la police montée du monument Lincoln que par nos beaux discours. [...]

Le cadeau de Bernard Lafayette, grande figure de l’activisme pacifiste aux USA, aux marcheurs de la paix

Je n’oublierai pas cette soirée à l’église Riverside où Martin Luther King avait donné son fameux discours contre la guerre du Vietnam, en présence de Bernard Lafayette. J’étais fatiguée et mes pas avaient un peu perdu de leur force.
Il a suffit d’un discours de 20 minutes donné par l’ami de Martin Luther King, Bernard Lafayette, pour me rendre toute la vigueur dont j’avais besoin pour continuer à marcher avec conviction et détermination. A la dernière minute pendant laquelle j’ai tourné ces images, j’avais des larmes aux yeux, saisie par l’émotion et une foi immense communiquée par cet homme qui, avec quelques mots exprimés avec passion, a stimulé la nôtre. “Même si vos jambes sont fatiguées, votre âme doit être inépuisable. Marchez pour la justice, marchez pour la fin de la pauvreté, marchez pour la tolérance et l’harmonie entre les peuples, marchez! Marchez! Marchez!” [...]