Archive | Le journal de la MM

Au Mexique, nous entrons dans une zone de turbulences

Toute l'équipe de base au grand complet au coeur de Mexico

Toute l’équipe de base au grand complet au coeur de Mexico

Ici, nous entrons dans une zone de turbulences… La violence au Mexique (et en Amérique centrale) est proportionnelle à l’accueil solennel et massif que nous ont offert les autorités de la ville-frontière de Tapachula, hier après-midi. Notre visite a été prise très au sérieux par la Mairie de cette ville d’un demi-million d’habitants qui a organisé pour l’occasion une conférence de presse largement suivie, une table ronde avec de nombreux représentants municipaux et nationaux dans une salle bondée et décorée avec les drapeaux de nos pays respectifs, un concert de xylophones à 8 musiciens (!) et une assiette de dégustation de plats traditionnels locaux. Les témoignages au cours de la table ronde sont forts et souvent partagés avec colère devant l’ampleur du phénomène de la violence au Mexique et dans la région devant lequel tout le monde se sent impuissant quand il n’est pas complaisant. [...]

En route pour le Guatemala (part 1)

Plein les yeux, plein le coeur, plein la tête… Notre journée au Guatemala fut l’une des plus émouvantes pour moi. D’abord, j’ai été bouleversée par une rencontre inattendue et non planifiée par un groupe de civils en colère. Notre bus s’est arrêté au bord de la route et a été pris à parti par une trentaine de Guatémaltèques qui, au péril de leur vie, ont dénoncé devant nos caméras (avec leur autorisation) les abus de l’entreprise espagnole DEOCSA qui opère un monopole absolu sur la production et gestion de l’électricité dans tout le pays occasionnant des souffrances inacceptables pour le peuple. Le 24 octobre dernier, Víctor Gálvez Pérez, porte-parole du Front de Résistance contre les abus de l’entreprise DEOCSA (entreprise filiale de la multinationale espagnole Unión Fenosa) dans la ville de Malacatán (Guatemala), fut assassiné par un individu cagoulé. Mr Víctor Gálvez Pérez menait des activités de dénonciation des effets de l’activité de cette entreprise sur les habitants de la région. Derrière ma caméra, j’ai du mal à retenir mon émotion devant ce cri de détresse “en direct”. “Depuis 10 ans, nous subissons de coupures d’électricité en continu, détruisant nos réserves de nourriture ou tuant nos malades dans les hôpitaux. Des milliers de personnes n’ont pas d’électricité faute de maintenance ou parce qu’ils n’ont pas les moyens de payer des entreprises privées de réparation” s’insurge Ermilio, leur nouveau porte-parole. Ce dernier nous supplie d’intervenir d’une manière ou d’une autre pour les aider à retrouver le droit de vivre dignement et en sécurité. Nous accusons réception de leurs revendications à travers un document qu’ils nous ont remis à l’attention de la presse internationale.  Sans attendre et depuis notre autocar, nous avons envoyé un communiqué de presse aux agences (cf vidéo). Dans l’autocar, pour quelques heures, je suis songeuse et triste. Je ne peux pas comprendre qu’une poignée de cadres asservissent en toute (in)conscience des centaines de milliers d’individus les laissant dans la précarité la plus totale. Je suis bien d’avis que toute personne tenue sous la domination de quelqu’un ou de quelque chose doit s’affranchir par lui-même de ses chaînes et ne peut s’attendre à un appui extérieur. En même temps, il est du devoir de tout homme de prendre en compte le sort de son prochain et de prendre la mesure des conséquences de ses actes. Je suis  toujours et encore consternée par l’ignorance, la cupidité et l’égoïsme de quelques-uns. Je reconnais la nécessité de la souffrance en ce qu’elle nous permet de connaître nos limites, de surpasser nos épreuves et la transformer si possible en quelque chose de positif. Il faut parfois être repoussé jusque dans les derniers bastions de notre aveuglement pour se décider à ouvrir les yeux. Cela m’aide à supporter les barbares… [...]

Notre Marche bénie par les descendants des Mayas et des Garifundas (part 2)

Nous faisons l’expérience de phénomènes de “sychronicité” étonnants.
Alors que nous parcourons des centaines de kilomètres en autocar avec des retards énormes pour mille raisons, nous arrivons toujours sur les lieux des événements organisés pour la Marche Mondiale à la seconde même où un rituel de bénédictions commence, où nous devons prendre le micro, où la fanfare a juste fini de chauffer ses instruments. Malgré un agenda qui change de minute en minute, des imprévus et des actions spontanées, nos passages et nos marches dans les villes et les villages s’enchaînent avec une facilité étonnante. Ce qui m’impressionne, c’est que partout, absolument partout, des milliers de gens nous attendent, souvent depuis des heures et malgré nos retards, nous accueillent les bras ouverts. Visiblement, tous se mettent au service d’une cause qui les transcende, comme nous. Ce n’est pas les marcheurs qu’ils attendent, c’est un rendez-vous d’espoir avec l’Histoire. [...]

Au Salvador: inauguration d’une place pour la paix

Évènement particulièrement touchant: après une marche en fanfare, nous arrivons sur un place minuscule recouverte par un chapiteau. Une centaine de citadins se sont réunis autour de nous et le Maire a pris la parole pour demander à l’une de nos marcheuses de couper le ruban et inaugurer cette place fraichement baptisée “Place de la paix”, en l’honneur de la Marche. Puis une dizaine d’enfants se mettent à chanter et à danser, ce qui provoque des jets de larmes parmi nous.
Nous étions particulièrement fatigués car nous avons traversés 4 frontières ce jour-là, 3 fois avec le Honduras et une fois avec le Guatémala, pour nous rendre à diverses activités, avec toutes les lenteurs et complications administratives que cela implique. [...]

Nous plantons un arbre de la paix dans les ruines d’une cité maya millénaire

L’acte est symbolique mais non moins chargé de sens et d’émotion. Les organisateurs de notre Marche en Honduras ont eu une très bonne idée: planter un petit pin et une plaque commémorative en signe de notre passage sur ce lieu historique. Nous avons confié à cet arbre la vaste mission de grandir, de s’épanouir, d’écarter ses branches comme des bras ouverts vers la lumière et la vie. Petite graine de paix deviendra grande… [...]

Costa Rica – Panama

Notre passage au Costa Rica

Nous sommes accueillis (après deux heures d’attente à la frontière) par une explosion de joie chez les organisateurs costaricains. Ils ne s’arrêtent plus de danser, de chanter et de hurler si bien qu’ils continuent à se tortiller dans le bus qui les transportent jusqu’au lieu de l’événement du jour. Nous le voyons tanguer de part et d’autre! Nous nous rendons dans une école, il est 20 heures et là encore, discours, concert de musique et repas. Je me sens toujours barbouillée depuis mon intoxication alimentaire et j’ai la possibilité de me sauver à l’hôtel pour gratter quelques précieuses heures de sommeil. [...]

Je ne serai jamais photographe de star…

Isabelle Bourgeois et Juanes

Isabelle Bourgeois et Juanes

Je résume brièvement la rencontre avec le célébrissime chanteur sud-américain Juanes qui a soutenu la Marche Mondiale en traversant la frontière entre la Colombie et l’Equateur à nos côtés, brandissant fièrement l’étendard de la Marche. C’était juste complètement fou d’être happés dans un bain de foule hystérique et compacte. Je n’avais plus aucun contrôle de mes mouvements, prise en sandwich entre les fans, l’armée, la police, les gardes du corps et mes pauvres camarades de marche, molestés comme moi! Difficile de tourner des images dans ces conditions mais mission accomplie! Si la Marche a souhaité symboliquement apporter son énergie et offrir sa présence en ce lieu c’est parce que le département de Nariño est considéré comme l’un des plus dangereux, entièrement contrôlé par les FARCs et les narco-trafiquants. Cette zone frontière est assez chaude et nous souhaitions ouvrir une brèche d’espoir, comme ailleurs. La Marche affectionne particulièrement les frontières et les murs et nous en avons fait notre priorité. [...]